Viazac

Publié le par scsc

En ce début de mois de Mars notre objectif est simple : l'Igue de Viazac. L'aventure commence avec un passage au local du SCSC, structure à laquelle Loïc S, Romain C et moi même sommes nouvellement rattachés. Ici Jean-Claude dit « Bibi » nous accueille avec la même bonne humeur qu'à son habitude. Il nous fournit même la fiche descriptive de l'équipement nécessaire à la conquête de l'abîme en vue. Au total : 420 mètres de cordes pour une soixantaine de mousquetons et quelque plaquettes. Suffisamment de matériel pour remplir quatre sacs de 25 à 40 litres. Or nous sommes trois et nous allons descendre un petit bateau gonflable, son gonfleur, la nourriture et quatre litres d'eau. Nous serons chargés, tant mieux on est là pour forcer un peu.

On arrive donc au bord du trou vers midi, comme il est déjà tard nous mangeons les sandwichs et autres salades en boite avant de descendre. Sous les combinaisons nous n'oublions pas d'ajouter les fines néoprènes qui nous apporteront un minimum de chaleur pour les passages aquatiques. Le premier puits, vaste et profond permet de se dégourdir le descendeur. C'est un gouffre de belle proportion qui est séparé en deux parties par une plateforme ou l'on peu poser pied.

La suite immédiate est d'une moindre envergure, une petite main courante, une dizaine de mètres de verticale, un plan incliné et nous voilà au niveau du « pont de singe ». Ce passage à été aménagé pour éviter l'équipement fastidieux et surement éprouvant de plusieurs dizaines de mètres de main courante en plein vide. Nous progressons donc sur ces câble comme on le ferait en via ferrata, original sous Terre! Aux deux tiers de ce passage nous pouvons profiter des quarante mètres de vide sous nos pieds grâce à ma lampe fraichement fabriquée qui peut sortir un millier de lumens.

Cet obstacle franchi nous entamons le puits de l'écho, une descente à la faveur d'une longue coulée de calcite. Le final se fait par une petite verticale qui porte bien son nom : le puits de la boue qui se fera une joie d'imbiber d'argile la corde de dix millimètres déjà bien lourde. En bas, des blocs de roche jonchent le sol, certains sont couverts de magnifiques cristaux pyramidaux de calcite verte malheureusement souillés par la boue. Ces minéraux sont témoins de l'immersion prolongée de cette partie de la grotte. En effet la croissance de ce genre de cristaux ne peut se faire que dans une eau relativement stagnante saturée en CaCO3. Notre objectif est atteint, le grand lac, 227 mètres sous la surface de la Terre. Désormais, tel les explorateur du roman de Jules Verne nous allons naviguer su ce lac qui d'ici ne semble pas si grand. Comme d'habitude mes coéquipier comptent sur moi pour partir en éclaireur. Bonne nouvelle le gonfleur ne marche pas, c'est donc à la force des poumons que le bateau prend forme. En équilibre précaire je me lance. Passé un petit étranglement les dimensions changent complètement, je met la lampe à fond et aperçois la rive opposée, relativement éloignée. Le plafond, peu être à plus de vingt mètres de hauteur laisse entrevoir une possible continuité à travers une large fissure. A l'autre bout du lac il y a même deux cordes qui pendent des hauteurs et permettent sûrement d'accéder à une suite. Nous n'iront pas aujourd'hui, le temps est compté. Je reviens auprès de mes compagnons et Romain prend ma place. Loïc décide de s'abstenir, il n'a pas très envi de se mouiller. Oui, le bateau est si petit qu'il sert plus de bouée que d'une embarcation digne de ce nom, il tient cependant bien le choc quand on sait qu'il est couvert de personnages du film d'animation « Toy Story » et qu'il a été acheté dans un magasin de jouet...

Il est temps pour nous d'entamer la remontée, Loïc et Romain partent devant pour m'attendre au niveau de la rivière suspendue pendant que je commence à déséquiper les cordes et amarrages utilisés pour la descente. La rivière suspendue est en fait plus une succession de vasques. C'est néanmoins un endroit magnifique dans lequel nous prendront certaines de nos plus belles photos.

Le petit prix à payer pour cela? Nager à plusieurs reprises dans une eau autour de douze degrés, les deux millimètres et demi de néoprène sous nos combinaisons sont plus que salutaires. Au final cet aparté est une étape clef dans l'exploration de cette cavité, y descendre sans passer par là serait fort dommage. Pour la suite Loïc prends le relais pour ôter le matériel installé à la descente. Romain, qui fait ici sa première grotte profonde, remonte aisément. Je le suis en m'assurant à chaque fractionnement que Loïc, en dessous, n'a pas trop de problème avec les cordes. Au final Romain et moi nous retrouvons après le pont de singe pour attendre Loïc. Nous sommes trempés et commençons à sérieusement avoir froid, les couvertures de survie sont finalement sorties des sacs pour se revigorer un peu. Loïc arrive au bout d'une trentaine de minutes et Romain repart lesté d'un des sacs rempli de corde. Là on décide que Loïc va continuer à déséquiper et je pars à la suite de Romain avec le « gros » sac attaché au baudrier. Pas loin de trente kilos tirent sur mon baudrier et appuient sur ma hanche droite, il y a des moments ou je me suis dis que j'allais avoir besoin d'une prothèse... Je retrouve finalement Romain en bas des grands puits, sous la couverture de survie, il profite de l'attente pour faire une sieste. On décide alors que je vais remonter en tête avec le sac le plus lourd et que je redescendrais les aider ensuite au cas ou ils peineraient trop à porter les sacs restants.

Quand je sors, à minuit 10, l'aventure n'est pas terminée pour tout le monde. Romain et Loïc sont encore au fond. J'attends un moment et finalement Romain arrive à portée de voix et m'apprends qu'il arrive, doucement mais sûrement et que je n'ai pas besoin de redescendre les aider. En dessous de lui Loïc se charge de finir de déséquiper et de remonter les kits restants.

Finalement il est quasiment deux heures du matin quand nous sommes tous dehors.

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